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Pierre-Yves Jeholet répond à une carte blanche intitulée « Haro sur la culture ». Le patron de la Fédération Wallonie-Bruxelles estime « essentiel » le rayonnement international des artistes et des écrivains belges francophones.
Par Pierre-Yves Jeholet
Publié le 2/02/2022 à 19:16
Dans une carte blanche intitulée « Haro sur la culture », un collectif s’inquiète de la réforme des réseaux représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) à l’étranger – en particulier celui des ALAC (Agents de Liaison Académique et Culturelle). Ce réseau sectoriel, créé en 2018, s’est construit sur l’héritage de l’ancien réseau des lecteurs. Ces agents, au nombre de 11, sont basés principalement au niveau des universités et exercent notamment des missions d’enseignement, de suivi de partenariats académiques et de rayonnement de la culture de la FWB à l’international.
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Assurer le rayonnement international de la créativité propre à « nos » artistes et écrivains, est, à mes yeux, une mission essentielle. Cela passe par un renforcement de l’aide à la diffusion de nos artistes et de nos créations, j’y reviendrai, mais également par nos représentations à l’étranger, objet d’un projet de réforme en discussion mais non encore abouti. Il me paraît toutefois important d’en clarifier sans délai l’intention.
La création artistique et littéraire, avec tout ce qu’elle entraîne en termes d’enseignement, de formation, d’activités personnelles, collectives et professionnelles – tout ce que l’on désigne généralement par le terme « culture » – est une composante clé de la vie de nos institutions francophones. En outre, au-delà de l’aspect institutionnel, c’est la vie même de nos concitoyens de Wallonie et de Bruxelles qui est concernée. Vérité, faut-il le rappeler, cruellement mise en évidence par l’actuelle crise sanitaire.
Dès lors, considérer que le « secteur » culturel pourrait être rangé au rang des négligeables et que le soutien à celui-ci pourrait être enrayé en dehors de nos frontières, est un non-sens. Bien au contraire, la réforme sur laquelle travaille le gouvernement n’a pour seules visées que de renforcer, d’améliorer et de promouvoir le déploiement de « notre » culture auprès d’un maximum de populations, en particulier francophones.
Complexité institutionnelle
Or, ce n’est un secret pour personne, la complexité institutionnelle de notre pays rejaillit sur notre représentation à l’étranger – en particulier concernant les entités fédérées. Nos réseaux internationaux ont pris l’allure d’une panoplie de représentants : délégués généraux, conseillers diplomatiques, agents de liaison scientifique (ALS), ALAC, chargés de projets locaux ainsi que les conseillers économiques et commerciaux (CEC) en Wallonie. Qui peut croire, indépendamment de la qualité et de la motivation de chacun de nos délégués et agents, qu’un tel embrouillamini institutionnel puisse garantir un soutien efficace pour celles et ceux qui sont les premiers concernés, à savoir les opérateurs de Wallonie-Bruxelles et, s’agissant de la culture, les créateurs, les écrivains, les artistes qui, chacune et chacun, sont porteurs d’un monde à partager ?
Le gouvernement affiche une ambition claire : celle d’une meilleure lisibilité, cohérence et efficacité des différents réseaux agissant à l’étranger. La volonté est de clarifier qui fait quoi et avec quels objectifs, en consacrant la nécessité de faire rayonner la culture, la langue française et la diplomatie académique et scientifique. J’entends donc, avec le gouvernement, mieux identifier l’ensemble de l’outil international mis au service des compétences de notre Fédération, en cela compris la culture et ce, afin d’en augmenter l’opérationnalité et l’efficacité.
Pour ce faire, je souhaite renforcer les missions, dont la promotion de la culture à l’international fait pleinement partie, des délégations générales Wallonie-Bruxelles, lesquelles sont situées dans les pays ayant été préalablement définis comme prioritaires pour la FWB. Je rappelle à cet égard que nos délégués sont les premiers ambassadeurs des intérêts de la FWB à l’étranger. Ils sont donc, à ce titre, les premiers défenseurs de la promotion de la culture à l’international, et c’est la raison pour laquelle leur mission mérite d’être confortée.
Le déploiement des agents sectoriels devra s’inscrire dans une stratégie de déploiement intégré de la FWB à l’étranger.
Rayonnement à l’étranger
Par ailleurs, le soutien de la culture à l’international passe aussi par le soutien effectif à la promotion et à la diffusion de nos artistes et de nos créations à l’étranger. C’est la raison pour laquelle, en tant que ministre-président ayant en charge le déploiement de notre secteur culturel à l’international, j’ai tenu à augmenter les moyens alloués au théâtre des Doms dont la FWB est propriétaire à Avignon, vitrine exceptionnelle pour nos artistes désireux d’être connus et reconnus sur les scènes françaises. Sa dotation annuelle est ainsi passée de 667.602 € à 834.776 €. J’ai également tenu, dans le cadre du plan de relance du secteur culturel, à consacrer 3,605 millions d’euros au soutien à sa diffusion internationale et enfin, à majorer de 1,2 million d’euros le budget consacré au rayonnement international de nos artistes. Par ailleurs, dans le cadre du projet de contrat portant sur la filière du livre qu’entend conclure notre gouvernement avec l’industrie du livre, si créatrice en FWB, plusieurs actions concernent l’aide à la diffusion internationale de nos auteurs et de nos éditeurs notamment. Enfin, je souhaite renforcer la présence de la FWB à Montréal au travers d’un projet concret au bénéfice de la culture.
J’espère avoir pu, par ces explications, exposer mes intentions et réaffirmer mon ambition de soutenir le rayonnement culturel de la Fédération à l’international. Il s’agit d’une réforme positive, axée sur un seul objectif : le déploiement plus efficace des outils mis à la disposition des créateurs, artistes et écrivains pour les aider, dans un monde très concurrentiel, à pouvoir faire connaître, apprécier et partager leur travail.
* Ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles