Stupéfaction et colère. Telles sont les premières émotions ressenties à l’annonce du crime abject dont a été victime un enseignant, un professeur d’histoire-géographie, dans une commune des Yvelines au cœur de la France. Parce qu’il enseignait les valeurs et les principes de la démocratie, de l’état de droit et de la laïcité ... Parce qu’il transmettait à ses élèves le respect des libertés individuelles et des droits fondamentaux ... Parce qu’il accomplissait le métier d’enseigner, Samuel Paty a été assassiné par un fanatique islamiste, et ce dans des conditions barbares venues d’un autre temps.
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles veut assurer nos amis français - citoyens et représentants de l’autorité publique - de la douleur ressentie par nos compatriotes à l’annonce de ce crime tragique, de cet attentat commis une fois encore à l’encontre de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. Au-delà de la stupéfaction, de la colère et de la douleur, j’entends affirmer notre engagement aux côtés de tous les démocrates, en France, mais aussi partout en Europe, pour éradiquer toute forme de radicalisme islamiste. Tout ce qui relaie, transmet, enseigne, distille le poison du fanatisme doit être combattu par les voies de la justice, mais aussi par les voies de l’éducation et de l’enseignement.
Pour ce qui concerne l’action de la justice, nous exprimons toute notre confiance dans la riposte qui sera celle des autorités françaises. Pour ce qui a trait à l’enseignement, je tiens à souligner un aspect essentiel : ce qui est visé en premier lieu par les islamistes c’est notre mode de pensée. C’est pourquoi l’école, l’enseignement, l’éducation, les sciences, la philosophie…, tout ce qui concourt à former des individus libres et responsables, sont la cible ultime des fanatiques obscurantistes. Dans notre pays, il s’agit là, vous le savez, des compétences dont le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a la charge. Aussi, je tiens à être très clair sur ce point : dans tous les secteurs scolaires, éducatifs, culturels, médiatiques ou autres qui dépendent de la Fédération, ce sera la tolérance zéro pour toute forme de dérive à caractère islamiste. Dans le même temps, nous veillerons à ce que le contenu des cours soit professé dans le respect des règles de neutralité. L’école doit rester ce qu’elle est : le lieu par excellence où peut s’enseigner l’égalité entre tous les élèves, et par conséquent le respect de chacune et de chacun.
Par ailleurs, nous veillerons, notamment à travers l’Institut pour la formation à l’Islam, au développement de ce qui, durant les travaux de la commission d’enquête sur les attentats de Zaventem et de Bruxelles, a été appelé le contre-discours, afin d’opposer à la folie meurtrière et identitaire des islamistes, l’enseignement d’un islam compatible avec la démocratie.
L’institution scolaire en France avait déjà été frappée en 2012, à Toulouse, avec l’assassinat de l’enseignant Jonathan Sandler. Aujourd’hui, l’enseignant s’appelle Samuel Paty. Tous deux illustrent un état de fait redoutable : l’école est désormais une cible pour le fanatisme islamiste. Aussi, est-ce la mission des responsables politiques de ne laisser aucun professeur livré à lui-même face aux agissements, aux harcèlements notamment via les réseaux sociaux, aux soi-disant dénonciations… Il s’agit d’une question vitale, que je demande au gouvernement de la Fédération d’examiner sans délai.
Pierre-Yves Jeholet
Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles