Discours de Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Discours prononcé à l'occasion de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Belgaimage-75004272.jpg (POLITICS FETE DE LA FEDERATION WALLONIE BRUXELLES)

Crédit : Belga Images

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Discours de Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

 

Monsieur le Président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,

Monsieur le Bourgmestre,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Chers collègues parlementaires et mandataires publics,

Chères amies, chers amis, en vos titres et qualités,

 

Vous me permettrez de commencer par saluer les représentants du Gouvernement fédéral, ainsi que nos collègues du Gouvernement flamand, des Gouvernements régionaux bruxellois et wallon, et nos collègues du Gouvernement de la Communauté germanophone.

Les membres de mon Gouvernement et moi-même, nous vous remercions tant pour la qualité de nos relations que pour la compréhension mutuelle qui ont prévalu durant l’actuelle législature, et, plus particulièrement, pendant la crise sanitaire. A quelques mois des prochaines élections, à l’heure où l’on commence à dresser des bilans, ces collaborations doivent, à mon sens, être épinglées, elles m’ont en tout cas été précieuses.

 

Chères amies, chers amis,

L’année politique qui s’ouvre devant nous fera date dans l’histoire de notre pays !

Ce seront, en effet, deux évènements essentiels qui vont mobiliser nos institutions, requérir l’énergie de chaque mandataire public et en appeler à l’engagement de tous nos concitoyens. Deux évènements de nature différente, mais qui ne sont pas, étrangers l’un à l’autre.

Premièrement, la population belge va être appelée à élire ses représentants à chacun de nos niveaux de pouvoir. Ceci au terme de cinq ou six années d’une législature hors norme, du fait des crises successives que jamais nous ne pensions pouvoir connaître.

Deuxièmement, alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a ramené les affres de la guerre aux frontières de l’Europe, avec tout ce que cela signifie en termes de sécurité des populations et des territoires européens, en termes de niveau d’engagement militaire – notamment au sein de l’OTAN – et en termes de garanties d’approvisionnement énergétique, céréalier ou autre, la Belgique aura la mission de présider l’Union européenne entre janvier et juin 2024.

Deux enjeux distincts mais essentiels, deux moments démocratiques clés.

En ce sens, à la différence des extrémistes et des autocrates de tout poil qui se targuent de savoir tout et de pouvoir faire n’importe quoi - la vertu première des démocrates est de continuer à travailler dans le respect de la Constitution et des lois fondamentales qui régissent notre Démocratie. Nous le faisons peu importe le nombre d’éléments à prendre en compte, qu’ils soient économiques, budgétaires, juridiques, sociétaux, humains ou encore climatiques, tous d’une complexité croissante.

La complexité. Voilà bien une réalité qui s’impose à tous les démocrates, à toutes celles et ceux qui ont, aujourd’hui, l’ambition et la volonté de participer avec probité à toute gestion publique. La complexité est de tous les instants et de tous les dossiers. La complexité participe souvent à garantir la gouvernance et le contrôle des décisions à prendre. Elle permet aussi d’aboutir à des consensus, constituant ainsi de bons équilibres au regard de la multitude des intérêts à prendre en considération. Mais la complexité peut aussi, parfois, ralentir ce qui gagnerait à être plus rapide, paralyser ce qui devrait être réformé et, pire, donner aux populistes de tous bords l’argument fallacieux pour qualifier d’armée d’incapables, l’ensemble des mandataires de bonne volonté et respectueux de l’Etat de droit.

Prenons pour exemple les décisions à prendre pour répondre à la crise climatique : il n’y a en effet rien de plus actuel ni de plus pressant. L’interpénétration des enjeux et des éléments à prendre en considération est colossale. Quel est le sujet, quel est le dossier qui ne soient pas concernés d’une façon ou d’une autre par les conséquences du dérèglement climatique de la planète? Tous les secteurs de la sphère publique étant concernés par le défi climatique, il en résulte que chaque responsable politique est appelé à coopérer en fonction des compétences et des responsabilités qui sont les siennes. C’est à la fois indispensable, mais cela peut aussi donner soit l’image de la confusion, soit celle de décisions trop éparses et ne constituant pas le fruit d’une stratégie globale à la hauteur des enjeux.

C’est d’ailleurs en cela que réside une qualité propre à la démocratie, une qualité que l’on oublie le plus souvent de nommer, mais qui selon moi mérite de se situer au même rang que l’égalité des droits et le respect des libertés individuelles, à savoir la capacité de débattre – pacifiquement –, de faire valoir les points de vue, de confronter les idées, et de décider ensemble du meilleur chemin à prendre dans l’intérêt du plus grand nombre !

 

Mesdames, Messieurs,

Durant l’année 2024 notre engagement pour l’Europe et notre engagement pour la démocratie, seront confrontés à des défis majeurs.

L’Europe tout d’abord. Elle dont les institutions siègent au cœur de notre capitale, et dont les décisions ont souvent des conséquences au cœur de nos vies. Sa complexité – encore elle – la rend parfois trop éloignée des Européennes et des Européens, mais son projet reste d’une exceptionnelle modernité en ce qu’il vise à organiser le vivre ensemble de populations extrêmement différentes.

Il est et il sera dès lors de notre devoir à tous de faire de la Présidence belge de l’Union européenne un moment de démocratie partagée, un moment de pédagogie aussi pour enseigner, expliquer ou réexpliquer tout ce que l’Europe nous a apporté et tout ce que nous perdrions à la voir reculer.

En ce qui concerne la Fédération Wallonie-Bruxelles, mon Gouvernement sera à la hauteur des responsabilités européennes qui lui seront confiées, notamment au travers des compétences de l’éducation et du sport.

Je vous le disais, à côté de cet enjeu européen, l’année 2024 connaîtra aussi un enjeu démocratique essentiel lié aux différents scrutins à l’agenda.

Comment les prochaines élections vont-elles se solder ? L’unité de notre pays sera-t-elle menacée ? Face aux tangentes prises par l’extrême-gauche d’un côté, et l’extrême-droite de l’autre côté de la frontière linguistique de notre pays, le pire est-il à craindre ?

Comme l’a écrit un poète allemand, « là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve » !

Autrement dit, c’est en cet instant même où les valeurs fondatrices de notre système fédéral - la liberté, la justice, la solidarité, l’égalité des droits- pourraient être mises à mal par les extrémistes et populistes de tous bords que la volonté démocratique doit se faire entendre.

Mais dans le monde complexe que j’évoquais il y a un instant, la pérennité de cette volonté démocratique ne peut plus être considérée comme étant une évidence incontestable.

Nous allons dès lors devoir convaincre. Convaincre que notre modèle fédéral reste porteur. Convaincre que notre pays est encore en capacité de continuer à se réformer. Convaincre qu’un projet collectif peut être mis en œuvre malgré des lignes partisanes de plus en plus nombreuses et parfois, naturellement ou artificiellement, éloignées. Convaincre aussi que les Parlements et les Gouvernements de ce pays ont toujours cette capacité de pouvoir s’organiser entre eux pour ensuite gérer au mieux les compétences qui sont les leurs au profit de toutes les citoyennes et tous les citoyens.

A cet égard, je voudrais le dire haut et fort : la Belgique n’est pas un État voyou ! C’est un fait, une vérité, un préalable qu’il faut réaffirmer sans doute davantage aujourd’hui qu’hier. J’entends par là que la Belgique, au travers de ses différents niveaux de pouvoir, n’est pas un Etat qui laisse de côté le plus grand nombre au profit d’une minorité, qu’elle n’est pas un Etat qui refuse de soigner le malade, qui refuse le droit à l’enseignement à l’enfant, qui refuse le droit au logement à celui qui est en difficulté, qui refuse l’accès aux services publics quels qu’ils soient, qui organise une justice arbitraire ou qui laisse ses entreprises porter atteinte à l’environnement sans règles, limites ni précautions.

Certes, notre système n’en est pas pour autant parfait. Mais parmi le concert des Nations, la Belgique n’est pas à blâmer. Refuser de le reconnaître est le premier élément qui participe à la déliquescence de notre modèle démocratique, car ceux qui ne lui reconnaissent aucune qualité, alors qu’il en a objectivement tant, sont aussi le plus souvent ceux qui voudraient adouber des régimes qui n’offrent que bien peu à leurs populations respectives, hormis la violence et l’injustice, et dont le modèle n’a jamais surpassé notre modèle démocratique et ne le surpassera jamais.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut tomber dans l’autosatisfaction ou l’immobilisme, car ces travers constituent certainement le deuxième élément participant à la déliquescence de notre modèle.

A cet égard, et même si d’aucuns me reprocheront de me répéter, permettez-moi d’insister à nouveau sur notre organisation intra-francophone, qui souffre d’une complexité telle, qu’elle n’est pas qu’une fatalité.

Je pourrais lister ici tout ce que le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a initié ces dernières années pour pallier les carences de notre organisation intra-francophone, mais ce n’est ni le lieu ni le moment pour vanter un bilan.

Par contre, à quelques mois des prochaines élections, à l’heure où les programmes se travaillent au sein des partis, où l’on réfléchit déjà au contenu des prochaines déclarations de politique régionale et communautaire, qu’il me soit permis, à nouveau, d’affirmer que notre espace intra-francophone doit être réformé et simplifié, car son manque d’efficience peut nuire à la qualité des politiques que nous pouvons mettre en œuvre, et donc nuire à l’adhésion démocratique.

Il ne s’agit pas d’appeler à une énième grande réforme de l’État dont la population ne veut pas ! Il ne s’agit pas d’appeler à supprimer des institutions pour au final en créer de nouvelles. Il s’agit de mieux s’organiser au départ de ce qui existe. Que l’on évoque la formation professionnelle et l’enseignement en alternance, l’accueil de la petite enfance ou encore le sport, l’éclatement des compétences nuit à l’efficience de leur gestion. Les usagers n’ont que faire de nos tracas institutionnels, ils veulent des résultats, des décisions, de la rapidité et de la flexibilité dans l’adaptation des offres aux besoins, ils veulent un Etat contemporain de l’émergence de l’intelligence artificielle, là où souvent nos processus décisionnels offrent un rendement plus comparable à celui d’un Comodor 64…

Les travaux actuellement menés sur la réforme de l’enseignement qualifiant, de l’alternance et de la formation professionnelle ont permis à mes yeux de mettre en lumière le mal qui nous ronge trop souvent. A savoir celui d’un certain conservatisme institutionnel qui frappe tous les niveaux de notre organisation : le Gouvernement défend sa feuille de politique générale ; le Ministre son département ; le Fonctionnaire dirigeant son administration ; le fonctionnaire son règlement. Et quand chacun est appelé à travailler à une meilleure organisation, le premier réflexe collectif est trop souvent celui de défendre l’existant.

Mais à force de travail et de persévérance, dans un dossier comme celui que je viens d’évoquer, la confiance s’est nouée, et la machine à penser la réforme a pu être, je l’espère, durablement activée.

Alors aujourd’hui, j’en appelle à la démultiplication de nos efforts et de nos volontés pour créer la confiance nécessaire partout où une réforme apparait s’imposer.

 

Mesdames, Messieurs,

Tel un cheval de Troie, la trop grande complexité de nos institutions et du monde dans lequel nous vivons pourrait causer à notre société de grands préjudices si elle est utilisée sournoisement par les ennemis de la démocratie pour porter atteinte à nos valeurs constitutionnelles et à nos institutions.

L’Europe, ce merveilleux outil de paix et de justice que j’évoquais en début de mon intervention, sorti des ruines de notre continent après la deuxième Guerre mondiale, traverse un moment risqué de son histoire. Semblables à de mauvaises herbes, les nationalismes reprennent racine sur des terres peu habituées encore aux vertus de la démocratie, les populismes, les radicalismes, les communautarismes, les extrémismes se démultiplient en se renforçant les uns les autres.

Sommes-nous à l’abri ? Nos régions peuvent-elles, pour reprendre l’expression consacrée, dormir sur leurs deux oreilles ? Force est de répondre non à cette question. Les incendies criminels récemment commis contre des écoles en sont le parfait exemple. Ces actes lâches ont été perpétrés afin d’imposer l’ignorance obscurantiste en lieu et place du débat démocratique, et ils l’ont été en s’attaquant à ce que nous avons de plus précieux pour former les esprits au dialogue et à l’ouverture, à savoir nos écoles. C’est profondément inacceptable.  

L’intolérance, le racisme, mais aussi un certain attrait pour le populisme, l’anarchie ou la remise en cause de la légitimité de l’ensemble des institutions, la volonté de vouloir enlever aux Parlements leur rôle pour rendre le pouvoir à la rue - et ce faisant, donner à la violence sa légitimité -, toutes ces dérives, tous ces dangers gravitent dans notre société. Prolifèrent-ils à ce point que notre démocratie serait en danger ? Je n’ose y croire, mais pas au point de refuser de l’envisager, pour mieux l’anticiper et l’éviter.

J’ai conscience que l’exercice consistant à alerter sur les dangers liés aux populismes et aux extrémismes est délicat. Lorsqu’il est pratiqué sans références solides et sérieuses, lorsque les mots sont opposés trop facilement et trop rapidement à un interlocuteur politique simplement en désaccord, alors la lutte contre les populismes et les extrémismes n’est autre qu’une manifestation contemporaine du point Godwin.

C’est pourquoi, au nom de la Fédération Wallonie-Bruxelles et en ma qualité de Ministre-Président, j’ai tenu à commanditer deux études sur les extrémismes et les populismes afin de mieux comprendre et percevoir la manière dont ceux-ci étaient vécus, appréhendés ou ressentis au sein des murs qui abritent la première compétence de notre Fédération, ceux des écoles.

La première étude a été confiée à l’Académie Royale de Belgique. Son objectif principal est de proposer une réponse novatrice aux défis que posent les discours extrémistes et plus particulièrement leur dissémination en ligne, au travers des réseaux sociaux principalement. Une enquête est en cours auprès d’élèves entre 10 et 12 ans.

La seconde étude a été réalisée par la faculté de Sciences politiques de l’Université de Liège avec pour thème « l’extrémisme et la jeunesse,  Comprendre pour agir ».

Je souhaite ici vous livrer quelques éléments de la synthèse qui vient de m’être remise des travaux, en précisant d’emblée que l’ensemble de l’étude fera l’objet d’un colloque pluridisciplinaire d’envergure qui se tiendra le 30 novembre prochain à Bruxelles, et le 1er décembre à Liège.

L’analyse des questionnaires et des entretiens menés auprès d’environ 800 élèves des classes du niveau secondaire, tous réseaux et tous niveaux socio-économiques confondus, a permis de dégager plusieurs grandes tendances de ce que pensent les étudiants.

Premier point, les élèves n’ont pas une méconnaissance de l’extrémisme. Si, d’après les questionnaires écrits qui leur ont été envoyés, les élèves expliquent qu’ils sont peu ou pas exposés à l’extrémisme, il n’en demeure pas moins qu’ils peuvent citer plusieurs personnalités, partis ou mouvements extrémistes, historiques et actuels. Ils proposent différentes définitions de l’extrémisme et mobilisent tout un ensemble de termes s’y rapportant. Même si les justifications demeurent floues et parfois contradictoires – il faudra dès lors en tirer des conséquences -, il apparaît clairement que pour la grande majorité des élèves interrogés, l’extrémisme se définit comme le « rejet de l’autre », « l’absence d’écoute » et le fait de pousser à l’extrême des idées fondées sur le rejet.

Une autre observation concerne des exemples d’extrémisme, soit historiques, soit plus proches de la réalité vécue par les élèves. Ils évoquent l’extrémisme de droite, l’extrémisme de gauche, l’extrémisme religieux mais aussi, et très vite dans les discussions - je ne fais que citer le texte - l’extrémisme féministe et l’extrémisme écologique. Tranquillisez-vous – ou pas selon les convictions qui vous animent - ces derniers ne sont toutefois pas nécessairement perçus comme des phénomènes foncièrement négatifs par les étudiants. Certains considèrent qu’il peut y avoir des extrémismes positifs, notamment en ce qui concerne la lutte pour le climat et la justification scientifique qui l’accompagne.

Le rapport à la violence et au rejet d’autrui est un des fondements de ce que les élèves jugent extrémiste. Mais les exemples cités varient : blocage d’autoroutes, dégradation d’œuvres d’art, lesquels sont des exemples visiblement liés à une actualité précise.

En ce qui concerne la liberté d’expression, les élèves estiment majoritairement que tout peut être dit. Selon eux, l’extrémisme se manifeste par le refus d’écouter l’autre. Le cordon sanitaire est ainsi considéré, par certains, comme une forme de censure et d’extrémisme. Pour eux, il est possible de convaincre en débattant. Ce positionnement change cependant lorsque sont abordées des convictions ou des opinions, ou lorsque sont traités des sujets qui peuvent les toucher directement. Les discours ne doivent pas manquer de respect envers eux ou envers les autres. Le racisme, la discrimination, le blasphème ne sont pas tolérés comme tout ce qui peut blesser. Les limitations à la liberté d’expression ne doivent cependant pas être nécessairement explicitées, chacun devrait savoir ce qu’il peut ou ne peut pas dire, en fonction du contexte et de la personne qui est en face de lui.

Enfin – soyons-y attentifs - les élèves expriment majoritairement un rejet de la politique. Ils associent souvent la politique à la corruption, à l’enrichissement personnel, à la bêtise. La politique est également pour eux trop complexe – je vous en parlais - et trop lente. Ils montrent une méconnaissance de la politique belge mais un plus grand intérêt pour la politique française. Heureusement, les élèves se montrent plus positifs envers la politique dans sa dimension de « lutte pour des valeurs », comme l’égalité ou le climat.  

Les réseaux sociaux occupent une place très importante dans la vie des élèves, qui se considèrent comme des « victimes » de ces plateformes. Ils reconnaissent une utilisation fréquente des réseaux sociaux et une méconnaissance des médias traditionnels.

Je n’irai pas plus loin dans l’analyse de ce dossier d’une centaine de pages dont j’attends beaucoup en vue des politiques à mettre en œuvre, à initier ou à renforcer dans l’ensemble des secteurs dépendant de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

En effet, si cette étude rassure sur la capacité de nos jeunes à définir les extrémismes et leur volonté de s’en tenir éloignés, elle inquiète aussi lorsqu’il s’agit d’identifier qui sont ces extrémistes ou populistes, quels sont les contours de la liberté d’expression et quelle image ces jeunes ont de nos institutions.

 

Mesdames, Messieurs,

Vous l’avez entendu : une partie de la jeune génération parait avoir perdu toute confiance dans la démocratie représentative. On pourrait rechercher des causes précises ou avancer des explications qui n’en seraient pas, on peut refuser le constat, ou considérer tout simplement que l’on n’est pas soi-même concerné. On pourrait également regretter que tant de combats courageux aient été menés au cours de l’Histoire afin de faire émerger des droits politiques comme le suffrage universel… et tout cela, pour en arriver à ce constat.

Tout se passe comme si la notion de « bien commun », cette attention à la vie commune qui nous rassemble, cet attachement aux valeurs fondatrices du vivre-ensemble, ce refus de l’égoïsme et du repli … n’étaient plus identifiés à la sphère du politique.

Comment comprendre, et surtout comment surmonter, cette défiance, ce découragement, ce rejet, qui se sont implantés au fil du temps au cœur des démocraties malgré un haut taux de protection sociale, malgré un haut niveau de scolarité, malgré un haut degré de sécurité comparativement à la situation vécue dans d’autres régions du monde?

Il ne s’agit pas de stigmatiser les personnes qui doutent – à commencer par les jeunes - ni de jeter la pierre à nos concitoyens confrontés aux contraintes de la vie au quotidien. Mais il est urgent de prendre la pleine mesure de ce qu’implique ce processus, cette mécanique de défiance et de désengagement. Car il y a là une sorte d’engrenage souterrain dont une des conséquences est de devenir une proie facile, une proie idéale pour les idéologies extrêmes, que celles-ci soient de gauche ou de droite.

Eu égard au rôle qui est le nôtre, aux missions qui nous ont été confiées, aux engagements que nous avons pris, céder à la tentation de baisser les bras équivaudrait à un abandon de poste ! De cela, il ne peut pas en être question.

Restaurer la confiance exige que plusieurs conditions soient remplies. A cet égard, l’honnêteté du politique est une condition sine qua non. Il en est une autre, c’est l’obligation de résultats ! Les institutions, les services aux citoyens, les administrations, tout ce qui relève du secteur public doit être en ordre de marche.

Il ne s’agit pas pour moi de commencer à hurler avec les loups en jetant la suspicion et le discrédit sur le bon fonctionnement des administrations, des écoles, de services de police, des services hospitaliers… etc. Non, mais je suis convaincu du fait que chaque fois qu’il est possible de faire mieux, cela doit être fait. Et ce, sans oublier que la responsabilité finale est toujours de nature politique.

Comment la Fédération Wallonie-Bruxelles ne se reconnaîtrait-elle pas dans un tel combat ?

Je ne passerai pas en revue chacune des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, même si toutes sont porteuses de qualités et de bienfaits nécessaires aux objectifs que nous poursuivons. Un secteur toutefois mérite une attention toute particulière : c’est l’enseignement, c’est l’école !

Qu’une telle conception soit également le moteur des politiques culturelles mises en œuvre par les artistes, par les opérateurs, par les interprètes, par les créateurs au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles est une vérité qui va aussi de soi.

Mais je voudrais terminer en pointant un secteur qui joue également un rôle essentiel, et beaucoup trop peu reconnu, en matière de « rencontre » et de partage avec l’autre, un secteur où l’émulation positive peut remplacer la concurrence égoïste, un secteur où les différences sociales, raciales, idéologiques, religieuses et autres peuvent faire place au respect mutuel… Vous aurez compris que je tenais à saluer l’ensemble des activités sportives. Nombreuses sont les disciplines qui sont florissantes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles représentent pour les jeunes un lieu d’apprentissage de la confiance en soi, un lieu de dépassement, de même qu’un lieu où l’on fait l’expérience d’une vérité apparemment anodine mais pourtant essentielle à la vie : chacune et chacun a besoin des autres, de même que les autres ont besoin de chacune et de chacun.

Je m’en serais voulu de ne pas réserver ma conclusion au sport, au seuil de cette année 2024 qui sera marquée par un troisième évènement directement lié aux compétences de notre Fédération Wallonie-Bruxelles, à savoir l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris !

Dans la Grèce antique, les Jeux Olympiques étaient l’occasion d’une trêve entre les cités, d’une cessation des hostilités entre les belligérants. Puisse cette année à venir être également marquée par l’esprit olympique et les valeurs de l’olympisme !  

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite une excellente fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles !

 

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